Le Shaanbei, pays des maisons-grottes

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Première boucle du Fleuve Jaune, district de Yanchuan, Shaanxi. ©bodolec

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Autour du bassin moye du Fleuve Jaunen, le haut plateau de terre jaune Huangtu gaoyuan黄土高原constitue de la plus importante région de lœss au monde. Terre fertile mais également très érodable, la zone paie un tribut très important aux vents et aux pluies. Le haut plateau de lœss, c’est 630 000 km² de crêtes, de vallées encaissées, de collines et de pans de falaises abruptes. C’est un paysage étonnant dont l’impression d’étrangeté est accentuée par l’absence quasi-totale de végétation et où, à première vue, l’homme est absent.

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Haut plateau de lœss, village de  Fengjia yao, district de Yanchuan, Shaanxi. ©bodolec



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Haut plateau de lœss, village de Baijia yuan, district de Yanchuan, Shaanxi. ©bodolec


Et pourtant, cette région est celle d’un des habitats les plus originaux de Chine : les maisons-grottes ou en chinois yaodong窑洞 « trou en forme de four ». Les yaodong sont présents essentiellement dans quatre provinces du Haut plateau de terre jaune : le Gansu à l’ouest, le Shaanxi, le Shanxi et le Henan à l’est.

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Carte de Chine contemporaine avec en gris les provinces concernées par le phénomène troglodytique.


Constituées d’une voûte plein-cintre creusée à même la falaise de lœss ou construites en pierre ou brique à partir d’un cintrage de terre crue, ces maisons sont choisies par des millions de personnes, exclusivement Han (l’ethnie majoritaire). Parfaitement adaptées au climat et à l’environnement, ses qualités thermiques et phoniques sont non seulement reconnues par les experts mais mises en avant par la population locale pour justifier un maintien contemporain. En effet, alors que dans le reste du pays l’architecture vernaculaire est remplacée par des logements en béton, les constructions de type yaodong sont encore florissantes dans la plupart des districts du Shaanxi. Dans les années 1990, 80 à 85 % des nouvelles constructions à usage d’habitation étaient de type yaodong dans le district de Yanchuan. Aujourd’hui encore, bien que les chiffres aient baissé à 65-70 %, faire construire une maison yaodong neuve peut être l’affirmation d’une certaine opulence et signe de modernité.

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Village de Huiju yuan, district de Yanchuan, Shaanxi. ©bodolec


Dans la province du Shaanxi, on distingue deux types de yaodong. Les plus répandus jusqu’à ces dernières années sont ceux creusés latéralement dans la paroi de lœss situés sur les bords des cours d’eau ou proches des replats des collines. Le nom générique de cette catégorie, chez les architectes chinois contemporains, est kaoyashi yaodong靠崖式窑洞 [yaodong s’appuyant sur la paroi], l’appellation plus commune dans la population est tu yaodong土窑洞 [yaodong de terre]. Nous les nommerons troglodytiques. Le second type est nommé dulishi yaodong独立式窑洞 [yaodong indépendants]. Les populations leur donnent le nom du matériau avec lequel ils ont été construits : zhuan yaodong砖窑洞 [yaodong de brique] ou shi yaodong石窑洞 [yaodong de pierre]. Certains sont semi-troglodytiques alors que d’autres existent en terrain parfaitement plats.

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Ville de Yanchuan, district de Yanchuan, Shaanxi. ©bodolec


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Village de Huiju yuan, district de Yanchuan, Shaanxi. ©bodolec


La dénomination reste la même malgré le changement de matériau car le plan oblong reste constant, les intentions sont proches et la plupart des processus de construction similaires. Cette transcendance de la forme au-delà du matériau est parfaitement visible dans un même hameau et sur un même pan de montagne : tous les types, creusés, semi-enterrés et indépendants existent en parallèle et offrent un espace intérieur identique.

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Ville de Yanchuan, district de Yanchuan, Shaanxi. ©bodolec


Cette particularité architecturale traverse également les époques puisque certains bâtiments indépendants peuvent être datés des XVIIIe et XIXe siècles.

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Propriété de la famille Jiang, Liujia mao, district de Mizhi, Shaanxi. ©bodolec


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Village de Beiyuan, district de Yanchuan, Shaanxi. ©Feng Fen


Il est dit qu’environ trente à quarante millions de personnes habitent dans des yaodong, mais ces chiffres sont très difficiles à vérifier. Il reste que les situations personnellement observées entre 1995 et 2008, essentiellement dans la zone nord du Shaanxi et la région centrale du Shanxi semblent confirmer les estimations des années 1980-1990. Les chantiers de construction en yaodong sont nombreux et actifs mais concernent presque exclusivement les types dits « indépendants ».

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