Les habitations de type yaodong sont construits selon ce schéma de cellules. L’unité de base est nommée kong 孔, littéralement « trou ». La pénétration dans la maison est toujours de type « oblong » : l’espace se déploie devant la porte d’entrée en une sorte de tunnel avec une voûte plein-cintre de 8 à 9 mètres de long sur 4-4,50 de large et 3-3,50 de hauteur à l’intrados de la voûte. Le nombre de cellules est variable mais il est souvent de deux ou quatre. En général, chacune possède une entrée indépendante et est en soit une maison. Contrairement à l’usage général en Chine, aucune pièce n’a de fonction définie dans une habitation yaodong. Chaque cellule est équipée d’un lit chauffant appelé kang 炕- que l’on retrouve dans toute la Chine du nord - d’un fourneau de cuisine et pourrait potentiellement devenir indépendante de sa voisine soit pour l’installation d’un jeune couple soit pour la location à des membres de la communauté ne pouvant faire construire leur propre logement. Dans la pratique, une des cellules, celle des parents, devient le centre névralgique de la famille nucléaire : chambre, cuisine, lieu de réunion et de réception, remise… Lors de famille souche, les générations sont séparées et dorment dans des cellules différentes.
Préparation du repas, village de Sangwa 桑洼, district de Yanchuan, Shaanxi.©bodolec
La partie arrière est réservée à la préparation et la conservation des aliments dans des contenants de terre cuite comme cette grande jarre pour l’eau rare et précieuse. Les meubles de rangement sont placés contre le mur gauche face au kang. Les invités et la famille trouvent place sur le lit commun pour discuter et manger ensemble.
C’est également le lieu où l’on coud et effectue de menus travaux à la lumière du jour.
Figure 14: Égrainage du maïs et couture sur le kang, Village de Fengjia yao, district de Yanchuan, Shaanxi ©Feng)
Mais vivre dans une maison yaodong qu’elle soit ancienne ou récemment construite, qu’elle soit souterraine ou indépendante de la falaise en pierre ou en brique, c’est surtout vivre dans une longue voûte plein-cintre. Vivre dans un yaodong, c’est également vivre dans une unité spatiale et sociale. L’expression yaodong wenhua « culture des yaodong » est utilisée par la population locale pour caractériser la région. La maison cristallise autour d’elle toutes les activités symboliques, rituelles, artistiques et festives.
Tout est imbriquée : la culture locale vient du yaodong et de ses spécificités de forme et de ses relations à la géologie et au climat et inversement.
Yaodong de Hao Xiuzhen 郝秀珍, découpeuse de papiers. Village de Xiaocheng小程, district de Yanchuan, Shaanxi. ©bodolec)